Si aujourd’hui la conception de la décoration d’intérieur se trouve à un tournant décisif de son histoire entre superpositions, rejets et recompositions de formes, de couleurs et d’objets, c’est sans doute parce qu’elle est fortement influencée par la société pluraliste dans laquelle nous évoluons. Elle est en quelque sorte le reflet de l’air du temps dans lequel on se place. On pourrait même quelque part se laisser tenter au jeu du devin en affirmant savoir ce que pense une personne à la façon dont elle conçoit son design intérieur. Mais alors, il nous vient la curiosité de savoir comment s’est déroulée l’histoire de la mode en design intérieur au fil des âges. Lançons donc un rapide coup d’œil dans le rétroviseur du temps.
De la fonctionnalité à l’ébauche de l’individualisme
Tout d’abord, l’époque prospère des années 1950 et 1960, qui va façonner le modernisme, apporte à la décoration un emploi plus prononcé de matières plastiques et de formica, une audace claire des couleurs aux pastels vifs ou aux tonalités saturées, et une once d’optimisme qui fait rêver, le tout dans un contexte d’industrialisation avec fabrications en série et obligation de fonctionnalité du mobilier. Si cette époque laisse apparaitre une certaine légèreté et une insouciance qui se traduisent dans un affinement et un arrondissement des lignes de meubles, le ludique n’a pas encore sa place dans les intérieurs.
C’est avec les années 1970 et la fameuse libération des mœurs que les formes molles et folles font leur apparition dans le design intérieur avec des couleurs lumineuses entre le jaune soleil, l’orange et le fameux vert « avocat ». On y aperçoit une recherche nouvelle d’authenticité avec l’entrée en jeu de l’écologie, l’expression de tonalités brunes et le succès de motifs indiens très vite rattrapé en fin de décennie par des couleurs fluo, saturées et agressives caractérisant une montée de l’individualisme. Le site Homeselect fait un très bon tour d’horizon du style des années 70 dans son article.
Le modernisme et l’art du design intérieur
Les années 1980 confirment la percée significative de la relation à l’argent entre golden boys et working girls. Cela se traduit en décoration par des formes rondes qui cessent la place à un style graphique très acéré et épuré aux teintes quasi primaires. L’urbanisme puise sa matière dans le style loft, le métal, le verre, et les lampadaires. Avec l’accélération des échanges et la consommation tout azimuts, les années 1990 portent le succès des meubles en kit standardisés, interchangeables et démontables. Le début de la mondialisation et l’ouverture de nouveaux horizons amènent les styles ethniques et les teintes chaudes à de nombreux intérieurs. D’un autre côté, le naturel retrouve peu à peu une place dans les designs avec le mouvement new-age.
Les années 2000 marquent une époque du repli sur soi, du développement de contact par écrans interposés. On assiste alors à une explosion de la décoration d’intérieur où on a d’un côté le « home sweet home » qui se veut être personnalisé avec plus de bling-bling entre argenté et doré, des contrastes entre noir, rouge et blanc, et de l’autre l’écologie qui s’affirme par l’utilisation du bois, de la pierre, de l’eau, du végétal et des teintes neutres et douces.
Alors que le design intérieur semble aujourd’hui replonger dans la nostalgie des années 50 et 60 avec des lignes qui s’éclaircissent, s’affinent et s’arrondissent pour des contrastes colorés plus doux, on note avec l’innovation, l’usage de matériaux de plus en plus écolos, esthétiques et performants. La personnalisation de la décoration d’intérieur s’invite elle aussi dans la mode entre récupération, vintage, ou style atelier, les idées sont déjà bien ancrées et résolument tournées vers une époque de recyclage à moindre coût laissant parler le côté créatif de l’individu (DIY pour Do It Yourself) comme cela est proposé sur de nombreux sites comme madecovintage.com.